Trafic d'épouse 11032019. Haryana. Biwhat district. Village. La trentaine, le visage poupon, Sanjida vit dans une pièce unique avec son « mari », Mobin, et leurs quatre enfants. La jeune femme avait une quinzaine d’années quand plusieurs hommes l’ont enlevée à la sortie de l’école, dans l’Assam, pour l’emmener de force en Haryana et la vendre à Mobin. Ses parents ont mis six ans à la retrouver. Après des mois de recherches, son père a fini par entrer en contact avec une fille du même village, vendue elle aussi, qui l’a mis sur la piste des trafiquants. « Avec un oncle policier, mon père a forcé l’un des intermédiaires à l’emmener jusqu’à moi », relate Sanjida. Salim Khan, le relais local d’Empower People, les aide à s’organiser. Toujours tiré à quatre épingles, les traits impassibles derrière des lunettes rectangulaires, ce notable de 28 ans est connu comme le loup blanc à Mewat. Salim Khan a été l’un des premiers à s’ériger contre le trafic des épouses, dont il est témoin depuis l’enfance. Son père a longtemps siégé au panchayat, l’assemblée rurale chargée des affaires courantes. « Les ‘paros’ venaient le voir pour lui faire part de leur problème », se souvient-il. Son engagement lui vaut encore aujourd’hui des menaces. « J’entends souvent : ‘Quitte ce boulot et arrête d’aider ces femmes, ou il va t’arriver des problèmes’, sourit-il. Même dans ma famille, on m’a dit que j’étais fou. »
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