Trafic d'épouse 11032019. Haryana. Biwhat district. Village. Quand Mobin, le mari de Sanjida, ne part pas pour Gurgaon chercher des rickshaws à conduire, il travaille aux champs, comme la plupart des hommes. Ses yeux d’un bleu délavé fuient le regard. À l’ombre d’un arbre, il admet avoir dépensé 50 000 roupies (640 euros) pour organiser la cérémonie de son mariage avec Sanjida, mais pas l’avoir achetée. Derrière son épaisse barbe poivre et sel, Mobin brode une histoire qu’il juge sans doute plus acceptable à nos yeux. « Sanjida est venue au village avec sa sœur, veut-il faire croire. Un neveu a servi d’intermédiaire pour notre mariage arrangé. Je ne m’énerve jamais contre elle, je ne lui fais pas de mal… » Salim Khan, le relais local d’Empower People, les aide à s’organiser. Toujours tiré à quatre épingles, les traits impassibles derrière des lunettes rectangulaires, ce notable de 28 ans est connu comme le loup blanc à Mewat. Salim Khan a été l’un des premiers à s’ériger contre le trafic des épouses, dont il est témoin depuis l’enfance. Son père a longtemps siégé au panchayat, l’assemblée rurale chargée des affaires courantes. « Les ‘paros’ venaient le voir pour lui faire part de leur problème », se souvient-il. Son engagement lui vaut encore aujourd’hui des menaces. « J’entends souvent : ‘Quitte ce boulot et arrête d’aider ces femmes, ou il va t’arriver des problèmes’, sourit-il. Même dans ma famille, on m’a dit que j’étais fou. »
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